Les options binaires sont semblables au casino
« C’est un peu comme jouer à pile ou face ou à un jeu de hasard », explique Moad Fahmi, CFA, spécialiste des marchés financiers à la Direction de la surveillance des marchés, à l’Autorité des marchés financiers (AMF). « En effet, à très court terme, la fluctuation d’une devise ou d’une action est très aléatoire, elle peut aussi bien monter que descendre », poursuit-il. Les options binaires représentent donc un pari très risqué dont les résultats sont fortement imprévisibles. Impossible de battre les statistiques : comme au casino, le joueur finira par perdre tous ses gains…
Pour attirer les amateurs, ces plateformes mettent souvent en place des comptes de démonstration truqués. Autrement dit, la personne qui tente sa chance avec les options binaires va effectivement remporter la mise lorsqu’elle effectuera un essai, mais dès qu’elle engagera son propre argent, elle commencera à perdre. Par ailleurs, même si elle venait à gagner, elle aura bien du mal à mettre la main sur ses avoirs… « Non seulement elle ne touchera pas un sou, mais ces sites au comportement frauduleux vont mettre la main sur ses informations personnelles et éventuellement commettre un vol d’identité », prévient Moad Fahmi.
Il indique que les personnes qui se font prendre au piège des options binaires sont généralement des hommes, des personnes retraitées, mais surtout des jeunes, qui présentent souvent un profil à risque de joueur compulsif. Autrement dit, il s’agit d’une clientèle qui a le désir de s’enrichir rapidement en faisant un coup d’argent.
En tout état de cause, ces individus ne roulent pas sur l’or et vont perdre dans les options binaires des sommes dont ils auraient eu bien besoin pour payer les dépenses quotidiennes. « Parmi les victimes de ces sites frauduleux, on trouve beaucoup de jeunes qui ne comprennent pas comment ça fonctionne. Ils pensent qu’ils vont gagner beaucoup d’argent facilement, alors qu’au contraire, ils vont y laisser des plumes », mentionne Moad Fahmi. Le grand nombre de médias par lesquels transitent des sollicitations en provenance de ces sites contribue aussi à leur conférer une certaine crédibilité. « C’est véritablement la fraude à la mode actuellement et beaucoup se font prendre », déplore M. Fahmi.
Sur la liste noire des marchés financiers
Il faut savoir que les options binaires, les vraies, ne sont pas destinées à des particuliers, mais plutôt à des investisseurs institutionnels qui souhaitent augmenter la rentabilité de leurs placements. Pour ce faire, elles sont utilisées dans le montage de produits structurés.
Cependant, il y a plus : bien que les plateformes de négociation en ligne s’adressant aux particuliers se multiplient, aucune d’entre elles n’est agréée ou autorisée par l’AMF. « L’offre de services ou de produits d’investissement, que ce soit en ligne ou en personne, est une activité réglementée. Toute entreprise souhaitant mettre en marché un dérivé au Québec doit avoir obtenu l’agrément de l’AMF avant de l’offrir au public, et chacun des produits dérivés qu’elle souhaite offrir doit avoir été autorisé », rappelle Moad Fahmi.
D’ailleurs, bien qu’elles affichent des coordonnées canadiennes, ces plateformes sont généralement établies à l’étranger, par exemple aux Seychelles, à Chypre ou au Belize, et les entreprises qui les exploitent ne sont pas inscrites pour exercer des activités au Canada. M. Fahmi souligne qu’il est aussi risqué d’investir par l’intermédiaire de firmes situées en dehors du pays : une fois l’argent à l’extérieur, il ne sera pas facile de le récupérer, le cas échéant.
Pour mettre la population en garde contre les risques liés aux options binaires, l’AMF fait régulièrement des campagnes d’information. Elle travaille également main dans la main avec les autorités d’autres territoires pour mettre en place les meilleures pratiques visant ces offres illégales. « Nous collaborons également avec divers intermédiaires, par exemple les moteurs de recherche comme Google, ou les sociétés émettrices de cartes de crédit. En effet, si ces plateformes frauduleuses ne peuvent transférer les fonds, elles devront forcément cesser leurs activités », constate Moad Fahmi.
Pour en savoir plus, consultez le site de l’AMF