L’idée d’une perspective de ralentissement économique provient directement des hautes sphères. En effet, dans son annonce du 6 mars dernier relative aux taux, la Banque du Canada a adopté une position de compromis, indiquant clairement qu’elle mettait non seulement les hausses de taux en attente, mais qu’elle envisagerait des baisses si l’économie devait commencer à se détériorer. Un tel changement d’orientation de la part du gouverneur de notre banque centrale pour assouplir sa politique ne peut que témoigner de préoccupations croissantes à l’égard d’un ralentissement de l’économie du pays.
Ajoutez à cela la baisse soudaine du marché du logement, lequel connaît sa première dépréciation depuis des décennies, et la négociation du pétrole brut WTI autour de 60 $ le baril (au moment de la rédaction du présent billet) : il commence à être difficile de voir le verre à moitié plein.
À la surprise de bien des pessimistes, le marché canadien des actions demeure robuste, son niveau n’étant inférieur à ses sommets historiques que de quelques points de pourcentage. Qu’est-ce qui explique cette contradiction? Fait plutôt intéressant, tout au long de l’histoire des marchés, la corrélation entre l’économie et les actions s’est révélée étonnamment divergente, certains des meilleurs rendements boursiers ayant été enregistrés alors que l’économie progressait tant bien que mal.
Les investisseurs devraient-ils donc faire fi de l’actuelle confusion des marchés et conserver de fortes positions d’investissement ?
Peut-être bien. D’un autre côté, cette conjoncture économique se présente souvent juste avant une récession, laquelle peut marquer le début d’un marché baissier.
Que peut faire l’investisseur canadien ?
Mobiliser des fonds et prendre une position locative misant sur la hausse des marchés au moyen d’options d’achat. Rarement une telle stratégie s’est-elle avérée aussi bon marché et plus appropriée.

L’un des meilleurs moyens d’illustrer cet argument consiste à observer l’indice VIXC, qui mesure la volatilité implicite sur 30 jours du marché canadien des actions au moyen des options sur l’indice S&P/TSX 60 (SXO). Dans le graphique ci-dessus, on peut constater qu’après des flambées de très courte durée, la valeur plancher de l’indice s’est établie à 10 points. Plus la volatilité est faible, plus le prix de l’option est bas, puisque celui-ci témoigne d’une prévision de variation réduite de la valeur de l’indice.
Alors, comment fonctionne la stratégie (de position locative misant sur la hausse des marchés) et convient-elle à vos besoins?
Dans l’exemple qui suit :
- l’investisseur détient 1 000 parts du fonds négocié en bourse S&P/TSX 60 Index ETF (XIU);
- les parts de XIU se négocient à 24,42 $ (le 2 avril 2019);
- l’option d’achat à 22 $ échéant le 20 septembre 2019 se négocie contre une prime de 2,62 $ (valeur intrinsèque de 2,42 $ ; valeur temps de 0,20 $ ; delta de 0,8201).
L’investisseur vend ses 1 000 parts de XIU et mobilise 24 420 $ en liquidités. Il serait particulièrement intéressant d’exécuter cette opération dans un compte enregistré, puisqu’elle ne déclencherait alors aucun disposition imposable.
L’investisseur achète ensuite 10 contrats d’options d’achat à 22 $ échéant le 20 septembre 2019. Il débourse 2,62 $ par option pour un total de 2 620 $. Il met les 21 800 $ de liquidités qu’il lui reste (24 420 $ – 2 620 $) de côté et en sécurité, les investissant sur le marché monétaire où il récoltera des intérêts.
Il est important pour l’investisseur qui découvre la négociation d’options de comprendre qu’en achetant les options d’achat au prix d’exercice de 22 $ (lui donnant le droit d’acheter les actions à 22,00 $), il a synthétiquement acheté une portion de l’action correspondant à 2,42 $ (9,90 % du sous-jacent). Dans cet exemple, le coût de « location » des actions au moyen des options correspond à la valeur temps de 0,20 $ par action pour un total de 200 $.
Quel est le résultat ? Examinons deux scénarios.
Dans le premier scénario, le marché canadien des actions continue de monter. Dans ce cas, au mois de septembre, l’investisseur peut simplement exercer les options d’achat et acheter les 1 000 actions au prix unitaire de 22,00 $, qui s’ajoute aux 2,62 $ déjà payés (seuil de rentabilité de 24,62 $).

Dans le second scénario, l’indice S&P/TSX 60 chute de 20 %, sous le creux de décembre 2018. La perte de l’investisseur se limite à la prime de 2,62 $, l’option échéant sans valeur. Bien que l’option perde la totalité de sa valeur à l’échéance, l’investisseur ne réalise qu’une perte représentant 10,72 % du produit en liquidités de la vente des parts initiales de XIU. Surtout, il dispose de liquidités pour acheter des titres à prix réduit sur le marché en prévision de la reprise.
La principale chose à retenir est celle-ci : la stratégie présentée ici permet à l’investisseur de continuer à profiter de toute hausse du marché, tout en sachant que, même si une récession et un marché baissier devaient se manifester, l’essentiel de ses avoirs est constitué de liquidités et sa perte maximale est bien définie. Dans ce cas, le fait de dépenser 200 $ en valeur temps pour prendre une position locative misant sur la hausse des marchés, tout en limitant la perte maximale à 10,72 % (du produit de la vente en liquidités), peut constituer un placement valable compte tenu de la situation actuelle du marché.
Par Patrick Ceresna, Gestionnaire spécialisé en produits dérivés
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