La réalité est toutefois moins rose et plusieurs investisseurs qui
mettent en place des structures de levier réalisent des résultats
décevants.
Avant de vous lancer dans ce genre d’opération, il serait suggéré de prendre connaissance des considérations suivantes.
Rendement des obligations vs taux d’emprunt
Le rendement d’intérêt obtenu sur la portion obligataire gouvernementale sera presque toujours inférieur au coût d’emprunt du capital investi. En excluant l’impôt, si votre taux d’emprunt est de 3,50% et que le rendement de votre panier d’obligations gouvernementales est de 2,00%, vous assumerez donc une perte sèche de 1,50% sur cette portion du portefeuille.
Pour le client dont le profil d’investissement est équilibré, on lui prescrira un portefeuille dont environ 25 % de l’actif est investi dans des obligations gouvernementales canadiennes. Le reste (75%) étant des obligations de sociétés et des actions.
Donc, pour ce type de portefeuille, il ne resterait que 75% des actifs investis pour contribuer à surpasser le coût de l’emprunt.
Autrement dit, pour maximiser les chances d’obtenir un rendement supérieur au coût d’emprunt, l’investisseur doit maximiser les classes d’actifs qui comportent plus de risque, soit les actions, les obligations corporatives et à haut rendement. Or, cela pourrait ne pas correspondre au profil d’investissement de notre épargnant.
Bref, le prêt levier ne doit s’adresser qu’aux investisseurs dont la tolérance au risque est très élevée.
Frais
Une structure de levier devrait être orchestrée avec un minimum d’intermédiaire afin de minimiser les frais de placements encourus.
À cet égard, les fonds communs sont désavantagés, puisque leur détention occasionne des frais normalement plus élevés que celle des fonds négociés en bourse ou l’achat d’actions de bonne qualité qui versent des dividendes.
Puisque plusieurs études ont déjà démontré qu’il existe une forte corrélation entre frais élevés et faibles rendements, vous auriez tout intérêt à regarder de plus près le frais des placements que vous désirez acheter avant de signer votre contrat…
La volatilité est un ennemi redoutable
C’est en temps de crise que le véritable profil d’investissement des épargnants est mis à l’épreuve. Lors de la crise financière de 2008, les chutes boursières de plus de 30% ont fait déchanter bien des investisseurs qui croyaient avoir un profil d’investissement de type croissance ou 100% actions puisque tout à coup, ceux-ci désiraient acheter des obligations…
Lorsque la bourse subit des revers importants, l’investisseur qui a contracté un prêt levier devra continuer à assumer les paiements et les frais d’intérêt sur son prêt. Toutefois, l’inconfort d’avoir un capital investi inférieur au montant du prêt est une situation qui poussera plusieurs investisseurs à laisser tomber la stratégie et encaisser des pertes alors que la volatilité s’installe.
Si vous ne pouvez accepter la volatilité, tenez-vous loin du levier.
Conclusion
Le prêt levier demeure une stratégie d’investissement alléchante sur papier. Malheureusement, elle ne devrait être mise en place que par les investisseurs qui connaissent bien les marchés et qui sont capables d’en assumer la volatilité. Autrement, tenez-vous loin du levier pour investir.